PHOTOS en bas de ce billet !!!!!

 

La transition fut brusque entre les sites touristiques de la Grèce et la campagne roumaine. En quarante heures de bus, nous passons du Sud du Péloponnèse à la Transylvanie. 25°C au départ, 8°C à l’arrivée : nos avons bien fait de traîner en route, l’été n’est pas encore arrivé ici ! Nous avons voyagé en compagnie de travailleurs immigrés qui rentraient chez eux. La Bulgarie que nous venons de traverser  ne s’est pas montrée sous son meilleur jour : temps pluvieux et froid, (même de la neige sur les sommets pourtant pas très hauts), rues boueuses, terrains vagues envahis de déchets. Même Sofia la capitale ne nous a pas séduits, mais il est vrai que le bus est resté dans la banlieue. Il nous faudra revenir en été si nous voulons apprécier ce pays à sa vraie valeur. A la frontière bulgaro-roumaine, nous traversons le Danube :ça sent la fin de voyage ! Rapide changement de bus à Bucuresti, et 6 heures plus tard, nous arrivons à Medias. Il est deux heures du matin. Nous trouvons refuge dans la gare où les gens sont surpris de nous voir étaler nos matelas et duvets par-terre, juste en face des toilettes ! A 6h30 nous commençons à pédaler pour sortir de la ville. Une «longue étape» de 10 km nous attend jusqu’à Mosna et la ferme où nous pensons travailler en WWOOF une semaine ou deux. Le paysage n’est vraiment plus le même qu’en Grèce. Plus d’oliviers, plus d’orangers, plus de mer. Nous ne sommes plus en Europe méditerranéenne, il va falloir s’y faire !

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Nous venons de battre un nouveau record, celui du temps passé au même endroit.  Cela fait plus d’un mois que nous sommes dans la ferme de Lavinia, Willy et leurs 5 enfants. Une durée assez importante pour que nous puissions nous immerger dans le mode de vie de la campagne roumaine : garde des vaches dans les prairies non clôturées, fauche de l’herbe à la main, voitures à cheval, fabrication du fromage... La vie lente d’Europe de l’Ouest   d’il y a soixante ou quatre-vingts ans, avec quelques voitures en plus et à ceci près que le téléphone est omniprésent. Il y a encore cinq ans, c’était le temps du téléphone à fiches, style « 22 à Asnières », et aujourd’hui, n’importe quelle (ou presque) mamie sur sa carriole à cheval a le portable collé à l’oreille.

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La Roumanie est un pays déboussolant pour nous qui venons de l’Europe riche. La société est  remuée par la récente adhésion à l’Union Européenne, que beaucoup regrettent. Certains s’enrichissent, mais l’immense majorité de la population doit toujours se battre pour avoir le minimum vital. Une fois de plus, les tziganes semblent laissés sur le bord du chemin. Encore moins prêts que les autres Roumains à cette soudaine accélération de la vie. Du « progrès », ils ne connaissent que le pire : les paraboles ornent les façades de presque toutes leurs maisons, même les plus rudimentaires. Leur culture musicale est toujours forte, mais le maniement de la télécommande a remplacé la pratique d’un instrument. Nivellement par le bas, quel massacre ! Et les pubs les rendent malheureux car ils n’ont pas les moyens de s’acheter ce qu’on leur présente sur l’écran. Le grand gagnant de l’adhésion à l’Union Européenne est sans doute la grande distribution, vu le nombre de grandes surfaces qui poussent dans la moindre ville.

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Les enfants se sentent ici comme chez eux. Clara a profité de ce mois pour finir la plupart de ses devoirs pour le CNED. Les autres travaillent sur la ferme, surtout Maël qui  prend un grand plaisir à garder « son » troupeau de vaches et à monter sur sa préférée : Didina la bufflonne ! Joachim  passe beaucoup de temps à fendre du bois. Zoé s’occupe de la basse-cour. Ils passent leurs soirées à jouer avec les enfants de la famille Schuster et les nuits sont courtes. En manque de sommeil, Maël s’est même endormi un jour au pâturage et les vaches sont rentrées toutes seules à la ferme, devançant un vacher déconfit. Heureusement pour lui, elles ne sont pas allées manger la luzerne voisine ! Côté animaux, les enfants sont gâtés : la truie a fait cinq porcelets, les onze poussins de la poule ont éclos, la chatte a trois chatons et la chienne vient d’accoucher de neuf chiots. Difficile dans ces conditions de quitter la ferme ! S’il faut aussi attendre la naissance du poulain d’Olga et du veau de Cristina, nous ne sommes pas prêts de remonter sur les vélos ! Ajoutez à cela les bons plats de Lavinia, riches en beurre, crème, yaourts , fromage et la complicité entre nos deux familles, vous comprendrez sans doute mieux la durée de notre séjour ici.

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Nous venons de passer quatre jours dans le Nord du pays, tout près de la frontière ukrainienne et sommes montés sur le « train des bûcherons » qui serpente dans la vallée de la Vaser, tiré par une locomotive à vapeur. (Une belle carte postale à celle ou celui qui nous donnera le nom de ce train, en roumain s’il vous plaît !)  Pour ceux qui connaissent notre film-culte Les enfants du marais, c’était tout à fait l’ambiance de l’ « aventure » de la chasse aux escargots.

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La langue roumaine est moins facile à apprendre que l’italien, même si c'est aussi une langue romane, mais nous faisons quelques progrès. Les Roumains nous surprennent par leur pratique de nombreuses langues. Beaucoup d’entre eux ont travaillé en Italie ou Espagne et nous nous trouvons donc souvent une langue commune. Hier matin, nous avons pu parler cinq langues en plus du français : allemand avec le propriétaire de notre « pensiunea », descendant des Saxons arrivés ici au XVIII° siècle pour exploiter la forêt, anglais à la gare du petit train, italien avec le client d’un « magazin » qui voulait nous aider, espagnol avec la coiffeuse de Laurence qui a travaillé six ans à San Sebastian, et nos rudiments de roumain le reste du temps. Si après cela nos enfants ne comprennent pas l’utilité des langues...  

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Notre billet d’aujourd’hui est plus bref que les précédents. C’est qu’il nous faut plus de temps pour « digérer » ce pays et ses extrêmes. Il nous faudra peut-être même l’avoir quitté pour pouvoir bien en parler. Pays déboussolant pour nous, Européens de l’Ouest qui avons souvent honte de notre richesse, mais qui nous apporte énormément. Nous ne regrettons pas d’avoir poussé le voyage jusqu’ici !

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Nous reprenons les vélos lundi 24, direction Brasov où nous rejoindrons Lorrie, une « woofeuse-cycliste » française rencontrée ici. Elle va pédaler avec nous jusqu’au delta du Danube, d’où un bus « d’immigrés » nous ramènera vers notre chère Italie. Le compte à rebours est vraiment enclenché pour nous. Plus que cinq semaines à vagabonder ! Le statut de sédentaire nous attend au virage ! En attendant, nous allons continuer à rencontrer d’autres « nomades », à la recherche des personnages de Chat noir-chat blanc ou de Latchodrom.

Pour les photos, ça viendra un de ces jours. Les appareils sont saturés...

La revedere,
comme on dit ici...