Ca y est , les photos sont là !

Un peu dans le désordre , mais vous ferez vous même le puzzle.


Parti de Brindisi à la tombée du jour, notre beau ferry se faufile à l'aube entre les côtes de Grèce continentale et les îles Ioniennes. Spectacle qui nous met le coeur en joie et nous console un peu d'avoir laissé l'Italie, les Italien(ne)s et l'italien derrière nous. Nos horloges biologiques ont du mal à s'adapter à la Grèce. Le "jetlag" lors d'un voyage à vélo, vous voulez rire? Pas du tout, nous l'avons inventé: en fait, nous cumulons le passage à l'heure d'été en Italie et le décalage d'une heure avec la Grèce. Résultat, le soleil se couche à huit heures au lieu de six, ce qui nous permet de rouler plus longtemps le soir, Youpie (mais pas pour tout le monde...)

A Patras, premier contact avec l'alphabet grec qu'on s'amuse à déchiffrer. Une heure d'attente sur le port, que nous passons à regarder le chargement des ferries et à admirer les sommets encore enneigés. Nous montons ensuite dans un bateau plus petit et tout bleu, le KEFALONIA, qui dessert l'île du même nom (Céphalonie en français).

Nous passons une semaine sur cette île, dans la ferme de Katerina et Kostas, qui nous accueillent comme des rois, mettent à notre disposition leur grande caravane et nous invitent à leur table chaque soir! Ils sont en train de préparer la grande maison qu’ils louent aux touristes à la semaine. Si vous avez envie d’un séjour au soleil, au calme, à deux pas de la mer, entre copains (10 couchages), c’est une bonne adresse! Dès que possible, on met leur site en lien sur notre blog. C'est la semaine sainte, période la plus importante de l'année orthodoxe. Maria, une amie de Katerina, qui a vécu plusieurs années au Québec, nous donne quelques informations techniques (que nous nous empressons de transmettre spécialement à Gilbertine, passionnée par le sujet, comme vous le savez tous!). En Grèce, le carême se termine progressivement. Après sept semaines de jeûne assez strict, on a à nouveau le droit de consommer de l'huile d'olive le jeudi saint à l'issue de la messe. Pour la viande et les oeufs, il faudra attendre encore un peu.

La grande fête commence le samedi soir à minuit. Après la célébration de la résurrection  par le pope, chacun allume sa bougie à la flamme qui, dit-on, vient de Jérusalem. Puis c'est un déchaînement de pétards. C'est Beyrouth ou Bagdad dans chaque village ou ville de Grèce. Les jeunes s'organisent même en bandes qui se jettent des pétards (et pas de la munition de petit calibre, croyez-nous!) les unes sur les autres. Katerina nous raconte même que, faute de pétards assez gros, ils peuvent aussi utiliser de la dynamite! Il faut faire attention où on met les pieds... Une bataille intense qui ne dure pas plus d'une demie-heure. En effet, les jeunes rentrent bientôt chez eux pour le festin de la veillée pascale: des tripes d'agneau, des oeufs rouges (colorés grâce à une certaine algue) et beaucoup de vin (je sens d'ailleurs que certains parmi nos lecteurs sont prêts à devenir orthodoxes!). Le dimanche sera aussi passé à festoyer, normal, après sept semaines de jeûne, l'appétit est grand.

Katerina et Kostas, qui ont peut-être pitié des enfants, nous proposent de nous emmener dans leur 4X4 jusqu'au port où nous devons embarquer. Nous ne sommes plus à une tricherie près, et acceptons, à la grande joie de certains, de charger nos vélos sur un véhicule motorisé. Au passage, nos hôtes font le crochet par la plage paradisiaque de Myrtos, que nous avions déjà vue de haut mais où nous n'avions pas osé descendre ayant peur de la montée d'après trempette (près de 300 mètres de dénivelé en deux kilomètres!). L'eau est plus transparente que dans les lagons polynésiens. Les cuissards deviennent donc des maillots de bain et nous barbotons dans une eau "de piscine" (chlore en moins), entre deux hautes falaises blanches. Une pensée fugace pour ceux qui sont au boulot, mais nous nous concentrons sur notre plaisir d'être là, sur une des plus belles plages d'Europe (bien sûr, les habitants de Céphalonie disent que c'est LA plus belle d'Europe, voire du monde).

 

Grâce à notre ferry préféré, nous nous rendons sur Ithaque, l'ancien royaume de notre "collègue" Ulysse. Lorsque nous arrivons, il fait très beau et la randonnée du lendemain, vers le nord de l'île, sans bagages, s'annonce fabuleuse. Malheureusement, pendant la nuit, les enfants,  bravant l'interdiction, fouillent dans la "sacoche interdite" et libèrent les vents qui y étaient enfermés. Punition immédiate: gros vent de face pour aller vers le Nord de l'île. Bien fait pour eux, sales gosses qui fouillent toujours où il ne faut pas!

(Pour ceux qui ne comprennent rien, relire les aventures de notre collègue célèbre. et au passage, une carte postale pour celui ou celle qui peut nous dire qui avait aidé Ulysse à rendre les vents inoffensifs). S'il vous plait, ceux qui ont déjà gagné une carte, laissez jouer les copains!

Ithaque et Céphalonie sont bien deux montagnes posées dans la mer! Elles nous réservent des vues panoramiques à chaque virage, mais les côtes présentent parfois des pourcentages supérieurs à 10, voire 20%, et là, ça fait très très mal! C'est normal, Ulysse ne faisait pas de vélo et ne craignait pas les montées...

Lecture de l'Odyssée terminée, nous reprenons notre beau ferry bleu pour rejoindre Céphalonie, dont nous finissons le tour en évitant les maux de tête. Seulement 25 km dans la journée entre Sami et Poros, avec un petit col en chemin, duquel nous aimerions bien que vous nous donniez l'altitude exacte, car il nous a bien fait mal aux pattes! Une carte postale à la clé, bien sûr! Nous nous offrons un jour de repos, pendant lequel Pascal se prend (abus d'Ouzo?) pour le propriétaire des beaux ferries bleus qui font la navette avec le continent. C'est d'ailleurs un de ceux-ci qui nous ramène à Killini, d'où nous pédalons jusqu'à Olympie. Dure journée pour les nerfs, car les conducteurs grecs occupent vraiment toute la chaussée, y compris la partie la plus à droite et n'hésitent pas à nous frôler. La route est loin d'être plate mais nous atteignons quand même Olympie, battant au passage notre record de distance, avec 72 km. C'est vrai, battre des records à Olympie, ça n'a rien de très original, mais on n'a pas fait exprès, promis!

Le lendemain, nous rentrons avec émotion dans le sanctuaire et surtout le stade d'Olympie. Les enfants font même une course de relais sur le stade mythique qui mesure un peu plus de 192 mètres de long. Au fait, petit problème de maths: "Sachant que la longueur du stade représente 600 fois celle du pied d'Hercule, le supposé créateur des jeux, dites-nous quelle était sa pointure exacte." Carte postale pour le plus fort en maths, évidemment!

C'est dans cette ville que nous avons la joie et l'honneur de recevoir une nouvelle visite, celle d'un être très spécial venu de Hollande pour rouler avec nous. Il ne se contente d'ailleurs pas de pédaler avec nous mais nous ravitaille quotidiennement en Retsina, le vin local qu'il trouve fort à son goût et qui nous convient aussi très bien, d'ailleurs! Avec M. Floris, nous parcourons en une semaine la côte ouest du Péloponnèse, jusqu'à la ville de Kalamata. Baignade quotidienne dans une eau assez chaude. Coups de soleil, foins qui sèchent: c'est déjà l'été ici.

Nous manquons de peu la rencontre prévue à Athènes avec Marie-Noelle et Etienne. En effet, nous passons bien dans la capitale, mais n'y restons que quelques minutes! Sacrilège? Peut-être, mais on assume. Après tout, le Parthénon nous attendra bien quelques années de plus. Nous avons trouvé un bus qui fait la liaison directe entre « n'importe où en Grèce et n'importe où en Roumanie » et accepte même les vélos! Nous en profitons donc pour faire le trajet Kalamata - Médias (en Transylvanie). Cela nous évite les tracas de logement, de garage des vélos, de circulation dans Athènes et de porte-feuille qui se vide trop vite. De toutes façons, nous avons vu plein de superbes temples en Sicile. Clara et Joachim regrettent quand même de faire un séjour aussi bref à Athènes. Ils y reviendront plus tard, comme des grands. Il faut bien qu'il leur reste des rêves, sinon ils s'ennuieront...

 

Vous aurez sans doute remarqué que nos rencontres ont été beaucoup moins nombreuses qu'en Italie. A cela, deux raisons: notre maîtrise notoirement insuffisante du grec et la trop abondante offre en logements touristiques, qui nous empêche d'aller quémander un logement gratuit à la mairie alors que tant de logements payants nous sont destinés. Notre "éthique" de voyage nous interdisant de trop payer pour le logement, nous avons même refusé de dormir dans un superbe camping car la remise « basse saison » qu'on nous proposait ne nous semblait pas suffisante. Les enfants ont trouvé que le propriétaire  avait des yeux en forme de pièces de deux euros ! Il le disait d'ailleurs lui-même: "No money, no funny". Il était dix-sept heures et trente kilomètres de vent dans le nez nous attendaient avant le prochain camping. Les enfants n'ont pas hurlé quand nous avons quitté le camping, sans un mot pour son propriétaire. La journée s'est finie par un  montage de tentes à la nuit tombante au bord d'une plage ventée, sur le bord d'un mauvais chemin de sable, car nous n'avons pas pu atteindre le camping prévu. Rassurez-vous: les parents indignes  se sont rachetés: ils ont "offert" le restaurant aux enfants (sans se ruiner d'ailleurs, car c'est Floris qui a tenu à payer l'addition ! - sérieusement allégée par le patron, très accueillant et généreux).

Nous ne sommes pas vraiment « rentrés » dans la Grèce mais sommes comme "restés à la surface des choses". Nous le regrettons et c'est pourquoi notre séjour y fut aussi bref. Nous espérons faire beaucoup mieux en Roumanie (c'est d'ailleurs bien parti pour, car nos premiers hôtes sont des gens géniaux, mais on vous racontera plus tard...)

La Garonne est loin d'ici, mais le Danube est tout proche. Nous l'avons vu mais Clara a été déçue: "Il est beau, d'accord, mais même pas bleu, c'est nul!"

La fin du voyage approche, mais nous allons profiter à fond des deux mois qui restent, rassurez-vous. Quelques jours seulement que nous sommes en Roumanie, mais quel pays! Allez, chut, on a déjà dit qu'on vous raconterait plus tard...

En attendant, que les amateurs de cartes postales ne tardent pas à trouver les réponses aux énigmes: la concurrence est féroce et chaque minute compte!

Amusez-vous, abreuvez-nous de messages et...

 

"La revedere", comme on dit ici.

 

PS Les amateurs de photos, rendez-vous sur l’article précédent « Epilogue dans la Puglia », quelques vues y ont été déposées, enfin. Pour la Grèce, patience, on a toujours un article de retard, vous êtes habitués maintenant…