Douzième étape : Cap à l'Est
Par Pascal le lundi 14 juin 2010, - Roumanie - Lien permanent
Après notre long séjour à Mosna et notre escapade ferroviaire dans le Nord, le temps presse. Garonne – Danube ne peut décemment pas se terminer en Transylvanie. Et puis, pas question de voir le Danube sans se perdre dans son delta ni se baigner dans
Etonnante Transylvanie. Elle nous rappelle parfois le Comminges, les Carpates remplaçant les Pyrénées dans le décor. A d’autres moments, nous nous croyons plutôt dans les forêts et collines du Berry. Et puis, derrière un virage ou au sommet d’une côte, le paysage s’ouvre et nous croyons rouler alors dans les grands espaces de Mongolie! Déroutante variété qui bouscule nos repères. Heureusement, chaque village et chaque carutsa croisée nous remettent les pieds en Roumanie.
Tout village a sa citadelle saxonne. Ces églises fortifiées, bâties entre le XIIème et le XVIème siècle semblent veiller sur les habitants. Leurs ancêtres s’y réfugiaient lors des attaques des « barbares » venus de l’Est (Tatars, Mongols...). Ils y avaient bien sûr un puit et y faisaient des réserves de nourriture pour résister aux sièges. Encore aujourd’hui, certains y mettent toujours leur charcuterie à sécher. Tous les villages sont vivants, peuplés. Les enfants vont à l’école, à pied ou dans la caruţa. Là, un grand-père transporte deux gros sacs de maïs sur son vélo, l’un sur le porte-bagage, l’autre en travers du cadre. Plus loin, une jeune femme tire son fils dans une petite carriole. Les chevaux sont omniprésents ici et animent les villages et les routes de campagne.
Il y a bien sûr des voitures en Roumanie. Dans les campagnes,
Beaucoup de rencontres jalonnent notre chemin. Un matin, à l’approche des Carpates, nous doublons un groupe d’écoliers accompagnés de leur maîtresse. Ils s’amusent à la lecture de notre panneau « Copii in turul Europei ». Alors que nous suivons la route, ils prennent un raccourci et nous rejoignent en courant au sommet d’une côte. Premiers mots de roumain avec les élèves, puis la maîtresse nous explique qu’ils sont allés passer un examen au village voisin. Petit à petit, le groupe diminue, chaque groupe d’enfants rejoignant son hameau alors que les autres élèves suivent leur maîtresse et son beau bouquet de fleurs des champs, jusqu’au bourg où se trouve leur école. Image paisible de laquelle émane beaucoup de complicité et de confiance entre la maîtresse et ses élèves... Belle rencontre qui éclaire notre journée. La route est calme, le ciel bleu, les Carpates au loin « attendent » notre visite.
Les carutsa nous doublent ou nous croisent, chargées d’herbe ou du premier foin (beaucoup de luzerne) de l’année. Carutsas et vélos ont une caractéristique commune, outre le fait d’être mûs par la force « animale » : ils n’isolent pas leurs occupants dans une carapace. Les contacts sont donc très simples. Un simple « buna ziua » engend re souvent une conversation plus longue. Souvent, les tziganes rencontrés nous demandent une cigarette. Notre bronzage leur fait souvent penser que nous sommes des leurs. D’ailleurs, ne sommes-nous pas des gens du voyage, nous aussi ? Nous faisons quelques photos que nous leur enverrons dès notre retour en France.
La traversée des Carpates, tant redoutée de certain(e)s, est étonnamment facile :le col n’est qu’à 850 mètres d’altitude et la pente est douce. Un berger de treize ans y garde ses 200 brebis. Sérieux et digne, son regard est impressionnant de maturité. Il nous demande un peu d’eau, mais refuse notre nourriture. Sans chien, il doit souvent courir après ses « ouaie » (brebis) et nous quitte rapidement.
Au Sud des Carpates, la plaine qui descend vers le Danube nous réserve des rencontres chaleureuses. Un soir, alors que l’orage arrive droit sur nous, Lorrie, une française avec qui nous faisons route depuis trois jours, essaie de nous trouver un logement. Elle parle bien le roumain et a un contact facile avec les gens. Un homme qui se trouve sur la route nous invite tous les sept chez lui, alors que nous ne demandions qu’un abri contre la pluie. Vélos et bagages sont entassés dans sa maison, puis Ciostel et Pascal vont au ravitaillement : saucisses pour le « gratar » (barbecue) et tsuica (eau-de-vie de prune) pour aller avec... Dans le village, ils rencontrent un voisin de Ciostel qui a déjà travaillé en Italie. Après quelques mots d’italien échangés avec Pascal, il tient à nous offrir de son vin « maison ». La soirée est donc fort joyeuse, la sono à fond joue du « manele » (version moderne de la musique tzigane). Nous nous comprenons tellement bien que chacun a l’impression de parler couramment la langue de l’autre ! Ciostel et sa femme Sanda ont une petite maison entourée d’un beau jardin. Ici, le jardinage n’est pas un passe-temps : les récoltes sont indispensables à la subsistance de la famille. Nos nouveaux amis sont tziganes « romanisés », bien intégrés dans la société roumaine, mais ils ne sont pas riches. Le confort est sommaire, comme dans la plupart des maisons dans lesquelles nous sommes entrés. Pas de salle de bain, les toilettes dans la cabane au fond du jardin. Leur générosité nous gêne d’abord, mais ils nous font comprendre qu’ils sont heureux de partager ces moments avec nous.
Le lendemain est aussi une journée que nous ne sommes pas près d’oublier. A midi, nous discutons quelques minutes avec une dame qui tire de l’eau de son puit, au bord de la route, puis nous nous installons devant un magasin où se trouve un banc qui nous sert de table. Un client arrive, entre dans le commerce d’où il sort aussitôt pour nous offrir un sac de tomates, un autre de pommes, plus une grosse bouteille de jus de fruits pour les enfants. Avant de partir, il nous glisse même un billet de 50 lei qu’il serait malvenu de refuser. Cinq minutes plus tard, la dame du puit d’en face nous offre du fromage, un beau morceau de gras de porc et un demi-litre de tsuica pour aller avec ! Vous auriez dû voir nos têtes devant cette avalanche de cadeaux. Cette générosité dépasse notre conception de l’accueil !
Le soir même, nous sommes encore invités dans une famille, grâce à Viorel et Marcela, un couple avec qui nous parlons... espagnol car ils ont travaillé deux ans près de Malaga. Nous passons une autre soirée superbe chez Mihai et Marinela. Il n’y a pas un seul village où nous ne rencontrions des Roumains ayant émigré en Espagne, en Italie ou en France. Leur nombre est vraiment impressionnant. Même s’ils ne voyagent pas pour le plaisir, ils connaissent l’Europe bien mieux que nous. La proximité entre langues latines facilite leur adaptation en Europe du Sud, mais certains émigrent aussi en Allemagne ou en Angleterre. L’émigration est souvent leur seule possibilité de gagner un peu d’argent. Ils aident ainsi leur famille restée en Roumanie et se font souvent construire une maison, une fois de retour au pays.
Impossible de vous raconter toutes les marques de générosité qu’on nous porte, mais on vous assure que c’est énorme ! Les enfants sur leurs vélos impressionnent les gens d’ici, qui nous offrent boissons ou glaces pour les enfants.
Un autre jour, tout près du delta du Danube, nous demandons à un monsieur où nous pouvons trouver un magasin. Il nous dit qu’on trouvera au village suivant, à quatre kilomètres, mais nous propose aussitôt de manger chez lui. En cinq minutes, les oeufs sur le plat sont prêts et la table est mise ! Ce sont même Ion et sa femme qui nous remercient d’avoir accepté leur invitation ! Depuis le début du voyage, nous avons presque toujours été bien accueillis, mais
Le 4 juin, nous sommes arrivés à Sulina, petite ville tout au bout du bras central du Danube et donc au bord de la mer Noire où nous nous sommes baignés. Après le cabo Sao-Vicente au Portugal et le capo Passero en Sicile, nous trouvons ici le cap Est de notre voyage. Nous parcourons le Danube en bateau et le longeons à vélo. Le paysage est hors du commun, la flore et la faune sont d’une grande richesse. Delta du Danube et mer Noire, nos objectifs depuis de nombreux mois sont là, devant nous. L’émotion est partagée par toute l’équipe. Nous savourons ces instants qui passent trop vite. A force de parler de Garonne-Danube, nous avions oublié qu’il y avait un chemin de retour, mais la réalité est là : dans trois semaines, nous serons à la maison. Après un grand trajet en bus, une deuxième traversée de
Commentaires
Déjà beaucoup d'émotion en lisant vos précédents billets, mais là bravo les larmes sont venues toutes seules.... que dire de plus, je crois que mon corps a parlé pour moi. Si vous vouliez transmettre l envie de voyager en vélo et bien c est réussi. Photos magnifiques, comme d'habitude.Le retour est proche mais vous allez revenir méthamorphosés. gros bisous a tous. bon courage pour le retour à la "réalité". Et félécitation pour ce merveilleux voyage.
encore une fois de l'émotion nous sommes heureux de vous retrouver cependant vos billets nous manquerons alors peut-être que bientôt nous vivrons de nouveau de belles aventures grâce à vous et pourquoi pas avec vous..... nous vous embrassons fort
On l ' attendait avec impatience ...et ...elle est arrivée cette splendide " page " roumaine de votre périple : la description des gens et des lieux est magnifique et nous donne la mesure de la beauté et de la richesse de vos rencontres et découvertes .
Pour sur qu' il y aura l' " avant " et l ' "après " ; sans doute pour chacun de vous 6 :un regard différent sur la richesse de ceux ( ce ) qui vous entourent ..., savourer les choses simples : une certaine idée du bonheur ...
Sommes heureux de vous revoir bientot .
Bon retour parmi nous .
Bons baisers de Bretagne
Pascale
Comme chaque fois...
l'attente est longue pour vous lire ...
mais comme tous le monde sait....
Plus c'est long, plus c'est bon !!!!!
mais quel bonheur de vous lire chaque fois !!!!
bon retour dans le sud ouest te encore un grand bravo!!
Wouah .. très belle invitation au voyage !
Merci de ce partage, l'espace d'un instant, nous voyageons avec vous ... ca laisse rêveur.
Bon retour, profitez bien de ces derniers instants de voyage et à très bientôt !
Quand on se carapate des Carpates après avoir offert une gitane à un tzigane en hurlant "Tipiclop" on bafoue la loi "Evin" à volonté !
A la queue leu leu à chercher quelques lei , on dirait un tableau de Monet !
On voit bien votre goût pour tout ce qui est barge sur quelques photos ainsi qu'une évolution possible du faciès chastinien où l'improbable calvitie sera avantageusement remplacée par une casquette bleue comme le beau Danube mais où la moustache n'aura,elle,que peu évolué.
Bon retour et à bientôt !
Les photos et les commantaires sont toujours aussi beaux et passionnants .vous avez engrange des souvenirs plein les yeux et plein le coeur.c'est une magnifique aventure qu'il fallait avoir l'audace de tenter !
Bon retour à la maison et bon courage aux ecoliers et lyceens pour le passage.
....On est très émus de vous lire...peut-être pour la dernière fois!...On compte les jours qui vous rapprochent de nous!!!...Merci encore de nous avoir fait partager de grands et beaux moments de votre voyage!...
...Effectivement...la Roumanie semble splendide!..
Bises à tous...en espérant que le temps soit avec vous jusqu'au bout!!!
Emotion, emotions ... Merci pour le beau et le bon partagés ! une face de la Réalité pas souvent montrée et que ça fait du bien !
Bisou avec toute ma tendresse.
Incroyable ..... déjà les derniers coups de pédales ..... j'ai du mal à croire que dans quelques jours nous allons vous retrouver ...... et d'un seul coup je me sens très très p'tite (déjà que j'étais pas grande !!!!!!), mais bon vous allez m'aider à grandir .......
Bonne fin de voyage et à très bientôt
Christine et Maxime
coucou ma Zouzouille il reste plu que 2 jour pour con se revoie j ai a te que tu revins gros gros bisou
Coucou,
Très jolie escapade en Roumanie. bisous à tous
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